Depuis quelque jours circule sur le net et notamment le fameux réseau social au logo bleu et blanc, une vidéo postée par deux jeunes femmes représentant DelaPopulace.
Voici le lien de la vidéo : ICI
Cette vidéo, comme on le dit, "fait le buzz". Elle est reprise, commentée et des réponses vidéos ont même déjà été postées. Les commentaires et réponses sont plus ou moins constructives.
Et comme l'on peut s'y attendre, connaissant le haut degré de sensibilité qu'est le sujet du cheveu de la femme noire, l'émotion et l'irrationnel y tient une part belle notamment dans les commentaires!
Je n'ai pas pour habitude de répondre sur le blog, et je me contente en général d'une réponse ou commentaire bref sur le groupe FB de l'association. Cette fois, je réponds de manière un peu plus développée, ce qui me permettra par la même occasion de refaire un lien avec une précédente vidéo qu'elles avaient posté et qui avait été aussi copieusement commentée : "Les fatou et l'auto-racisme".
La réponse que je fais ici, permet aussi d'établir une continuité avec les précédents posts:
-La nappysphère se fera(i)(t)-elle acheter?
-Pourquoi donc lutter contre le shrinkage?
-Coiffure protectrice se protéger de qui? de quoi?
-Je ne me défrise plus les cheveux mais je me lisse donc je suis?..
Voilà les points qui seront abordés dans les lignes suivantes :
- Education et prévention sur le défrisage, ou en sommes-nous?
- Pédagogie, empathie et cohérence pour faire passer un message
- Nappy Party persiste et signe dans un travail engagé bien avant la naissance de l'association
Dans la foulée, des forums tels que Boucles et Coton, Cheveux Ebène, et des sites internets de conseil sont apparus. A l'époque les origines du défrisage et dangers ont été évoquées et largement débattus.
En 2005, Boucles d'Ebène inaugure la 1ère édition du salon avec des intervenants tels Juliette Sméralda, des spécialistes américains et anglais de la coiffure et l'importance de l'estime de soi en rapport avec les cheveux naturels. Et les fondatrices avaient, avant le salon, déjà initié des événements autour du cheveu crépu.
En 2013, la 4é édition du salon enregistrait environ 15000 visiteurs avec au programme des conférences, des ateliers et de nombreuses marques ainsi que des spécialistes.
En 2008, j'assistais à une projection organisée par l'ONG Label Beauté Noire sur l'éclaircissement de la peau. Cette ONG a d'ailleurs lancé il y a peu une campagne en collaboration avec la Mairie de Paris pour lutter contre ce phénomène et un article sur sa prochaine campagne est parue dans Le Parisien : voir ICI.
Toujours avec Label Beauté Noire, une conférence a été organisée en mars 2013 au Musée du Quai Branly sur les Bonnes pratiques capillaires, avec comme intervenant une dermatologue, Aline Tacite (Boucles d'Ebène) et une sociologue.
En 2010, Nappy Party a lancé le dîner débat autour du thème "Défrisage : Mode, pratique culturelle ou pratique aliénante". En 2008, nous sommes intervenus à Lille sur une conférence "Pourquoi et comment arrêter le défrisage chimique".
Nous avons lancé les 1er stages à destination des professionnels, et la Journée Coiffure Enfant en 2010.
Nappy Party est l'aboutissement de plus de 10 ans de militantisme et bon nombre de personnes que nous avons croisé depuis sont aussi engagées.
Le vrai combat est là : faire passer le message à ses proches (famille, amis). Et je peux vous garantir, ainsi que d'autres personnes, que cette histoire de cheveux est sensible, malgré tout ce qui existe maintenant.
Je vous laisse donc imaginer l'ambiance il y a de cela ne serait-ce que 5-6 ans et encore plus il y a 10 ans!!
Si les traces sont encore là, allez voir sur des sites tels que Grioo.com à quel point le cheveu crépu n'était pas glamour!!
Dire en 2013, que rien n'a été fait est simplement faux et n'est pas très respectueux pour tout ce qui a été fait jusque là.
2-Je vais maintenant aborder la forme sous laquelle est passée le message sur cette vidéo.
Il faut admettre que la mise en scène du début est touchante. Bon nombre de femmes ont du se reconnaître ou reconnaître l'une de leur proche. Une forme d'empathie est déclenchée et c'est ce dont elles ont surement besoin.
Là où nous sommes moins "d'accord", ainsi que d'autres personnes qui ont visionné et commenté la vidéo, est le ton qui est employé.
Comme mentionné plus haut, le sujet est sensible, et il ne faut pas se laisser avoir par l'ambiance qui règne autour de nous qui sommes au fait et entouré de personnes qui trouvent normal le cheveu naturel crépu.
Car malgré notre sentiment de nombre élevé, nous restons minoritaires!!
Lorsque l'on s'aventure sur un sujet aussi sensible, il faut faire preuve de pédagogie et parfois y aller avec extrême douceur. Cela peut prendre du temps. Et cela je l'ai appris à mes dépends, même après la rédaction d'un de mes premiers articles.
Il faut surtout savoir se mettre à la place de l'autre, car combien de femmes "chemical-free", combien d'entre nous l'ont été toute leur vie, et même parmi elles, il y en a une grande majorité qui a quand même intégré cette hiérarchie des beautés du cheveu et qui ont passé leur vie à cacher les leurs.
Ce qui aurait donné une plus-value à la vidéo aurait été de revenir sur les propos tenus dans la précédente vidéo "Les fatous et l'auto racisme" à 11min58 (notamment que si une fille veut porter des lentilles bleues, un tissage etc). Ces propos sont en contradiction avec ce qui est affirmé aujourd'hui. Un petit mot pour expliquer ce qui a amené à changer de discours aurait permis à beaucoup de femmes en transition ou en passe de l'être, de se reconnaître
Tout cela pour dire, que le ton accusateur de la vidéo est inapproprié. Celui qui visionne peut se sentir agressé et donc se braquer et donc...ne plus écouter. Le message passe alors à coté de sa cible.
Je comprends l'aspect coup de poing qui a voulu être donné toutefois.
Pour faire passer un message sur un sujet sensible, il est donc nécessaire de faire preuve d'empathie, de pédagogie et de cohérence. Et cela n'est pas facile, je peux vous l'accorder.
3-La vision de cette vidéo, permet aux membres fondateurs de Nappy Party de dire qu'ils persistent et signent dans leurs actions et leur militantisme engagé bien avant le blog et l'association qui ne sont que des outils en plus.
Nous persistons à utiliser le mot "militantisme", car rester soi même, s'affirmer tel que l'on est dans une société qui ne nous accepte pas totalement, s'affirmer dans un groupe de population qui ne s'assume pas et ne se reconnaiît pas, voir pire, qui est capable de rejeter les sien, il faut une dose de militantisme.
Militer ne signifie pas forcément aboyer dans la rue le poing levé et rejeter ce qui est différent de soi.
Militer c'est s'affirmer contre les préjugés quelqu'en soient les auteurs.
Pour conclure, cet article n'est pas une leçon de morale ou de militantisme. il s'agit là de remettre les choses dans leur contexte et à leur place, comme nous souhaitons le faire dans nos précédents articles.
De plus, lorsque l'on souhaite s'engager et quelque soit la cause, l'une des premières choses à faire est de savoir ce qui éventuellement a été engagé ou ce qui est en cours afin d'éviter d'éparpiller les forces ou d'affirmer que l'on est pionnier pour ensuite être décrédibilisé.
Nous invitons DelaPopulace, si cela les intéresse à nous rencontrer lors de la 3e édition de la Journée Coiffure Enfant ou à relayer l'information concernant cette action. Nous pourrons ainsi échanger sur l'avenir de nos enfants.
J'ai je exactement la même réaction que toi: ça fait des années que les dangers du défrisages sont connus de tous!!!!!! Il faut arrêter de vouloir mettre ça sur le dos de la société qui a fait son boulot de prévention...chacun est responsable de ces actes... Ce que je trouve ironique dans cette vidéo c'est de continuer à porter sa perruque après un discours si dur...
RépondreSupprimerCoucou! Je trouve ton blog vraiment sympa! Moi aussi je suis très intéressée par tout ce qui concerne les cheveux afros. Je t'invite don à visiter le forum Belle Exotic: http://bellexotic.forumgratuit.org/
RépondreSupprimerBonne continuation pour ton blog! ;)